C’est donc à quelqu’un qui ne désire pas, qui n’a rien à demander, qui n’a pas de besoins à exprimer, voire qui n’a jamais réfléchi à ses besoins, que le génie apparaît. Il lui apparaît sans qu’Aladdin l’ait cherché, sans qu’il l’ait voulu : c’est le méchant « magicien africain » (c’est ainsi que l’appelle Galland) qui cherche la lampe et utilise le garçon pour l’obtenir. Autre détail important : Aladdin n’a rien de particulier, rien d’exceptionnel. Le magicien sait qu’il ne lui est pas permis de prendre la lampe lui-même, il doit donc trouver une personne quelconque pour le faire à sa place. C’est ainsi qu’il choisit Aladdin : parce qu’il est un bon à rien et que le magicien pense – à juste titre – qu’il se fera facilement manipuler. Aladdin n’a donc aucun mérite. Le magicien, au contraire, a une connaissance profonde : grâce à son art de la magie, il a découvert l’existence de la lampe et met tout en œuvre pour s’en emparer. Il finit par enfermer Aladdin dans la grotte où il l’a envoyé chercher la lampe : c’était son plan dès le début. Ce qu’il n’avait pas imaginé, c’est que le jeune homme ne lui aurait pas, avant, transmis la lampe. Mais si ce dernier garde la lampe, ce n’est pas par astuce : il a les mains pleines de pierres précieuses et il ne peut l’attraper. Encore une fois : il n’a aucun mérite, aucune vision, aucune volonté particulière.
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