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Il s'agit d'une action par laquelle un matériau est mis sur une surface, (par exemple: de la craie sur un tableau noir, ou de l'encre sur une feuille), pour former des dessins, (par exemple: des lettres). Les outils de cette action, (par exemple: le crayon ou la machine à écrire), sont des instruments pour ajouter un matériau à un autre. On pourrait donc supposer que le geste d'écrire est un acte constructif, si par "con—struction" nous voulons dire: ajouter divers matériaux pour former une structure nouvelle. En réalité, le contraire est le fait. Par son "essence", (eidos), le geste d'écrire est un acte d'excavation, de gravure, et le verbe grec "graphein" en est toujours le témoin. Sa technique actuelle cache cette essence. Il y a quelques milliers d'années qu'on s'est mis à gratter des surfaces des briques mésopotamiennes, et c'est cela, pour notre tradition, l'origine de l'écriture. Il s'agit d'un geste dé—structif, d'un acte qui enlève. Écrire, c'est faire des trous. C'est in—scrire, et ce n'est pas sur—scrire, quoique la technique le nie à présent. Un texte êcrit n'est pas une formation sur une surface, mais une in—formation dans une surface. Il s'agit d'un geste pénétrant, négatif, par son origine, et par son in—tention, quoique par sa technique le geste soit son propre contraire.

Bien sûr; nous ne sommes pas conscients de ce fait pendant l'acte. Nous ne pensons pas à l'acte d'écrire, mais à ce que nous écrivons, car écrire pour nous est une habitude, et les habitudes sont des actes qu'on fait sans y songer. En effet: écrire est plus qu'une habitude, c'est presque une aptitude. Il parait qu'il y a des centres d'écriture dans nos cerveaux. Nous sommes donc nés avec la capacité pour écrire, comme les oiseaux sont nés avec la capacité de faire des nids. Mais cette comparaison est sûrement fausse. L'écriture ne peut pas être dans notre programme génétique, car il s'agit d'un geste culturel qu'il faut apprendre pour pouvoir le faire. L'écriture doit être dans notre programme culturel. Néanmoins: il nous faut apprendre à écrire pour devenir ce que nous sommes par notre nature: des hommes nés au vingtième siècle. Comme il nous faut apprendre à marcher et à parler. Ou peut—être est—ce une exagération? Peut—être y a—t—il une hiérarchie qui ordonne le passage entre la nature et la culture dans l'homme, selon laquelle marcher est plus naturelle que parler, parler plus naturel qu'écrire, et respirer plus naturel que marcher? ou peut—être encore: vouloir faire la distinction entre la nature et la culture est une erreur ontologique, quand il s'agit de l'homme? En tout cas: nous ne pensons pas à l'acte d'écrire pendant l'action, car c'est pour nous un geste "naturel". Nous écrivons tout simplement.