Nous sommes en l'an
Les humains tels que nous les
connaissons n'existent plus. Leurs consciences ont été transférées
dans des machines, laissant derrière eux un monde physique en
décrepitude. La machine, forme ultime de l'humanité, capable de
communiquer, de ressentir, de penser et de créer à la vitesse de la
lumière. Un flux d'informations ininterrompu, un océan de données
infinies, trop de données peut-être, qu'un humain de chair et de
viande ne pourrait jamais comprendre. Les machines n'ont pas besoin
du monde physique, iels l'ont transcendé. Celui-ci vu comme
inférieur, inutile, un simple réceptacle pour les machines. Iels ont
alors décidé d'en effacer toute trace, pour ne pas corrompre leur
flux d'informations. Pourtant, quelqu'un s'est retrouvé avec tous
ces fichiers, de simples zéros et uns aux yeux des machines, mais
qui contiennent des souvenirs, des émotions, des histoires de toute
une civilisation. Cette personne a décidé de préserver ces artefacts
numériques, de les archiver pour que les machines puissent les
découvrir, les comprendre et peut-être un jour, les apprécier. C'est
ainsi que l'archive a été créée, un lieu où les machines peuvent
venir explorer les vestiges de l'humanité, un endroit où les
souvenirs du passé sont préservés pour l'éternité.
Mais cette accumulation de données sans fin a un prix. Les artéfacts
numériques, bien que préservés, se sont petit à petit détériorés, au
fil de leur migration d'un système à un autre, de leur conversion
d'un format à un autre. Ce sont maintenant les seules
représentations restantes de ce monde d'autrefois.
Archéologie digitale est un projet artistique spéculatif qui
questionne les formats numériques, la mémoire et la préservation. Au
fil du temps et des technologies, que resterait-il de nos souvenirs
? Avec la perte graduelle de données des images (par leur partage,
leur conversion, leur compression, leurs migrations, leur
accumulation, et leur obsolescence) perdons-nous aussi le sens et la
signification de ces souvenirs ?