Arguments *

[…]La perpétuation des structures mentales sous-jacentes de l’organisation du monde est (à quelques détails près) la garantie pour les géants de la tech d’être en capacité de poursuivre leur intoxication de ses structures organisationnelles. Il faut que tout change pour que rien ne change. Le maintien de l’ordre est à la fois un objectif et une nécessité.[…]

[…]Si la captation des données individuelles et collectives était déjà centrale dans l’économie des plateformes numériques, l’IA démultiplie cette dynamique, déterminant les conditions d’un contrôle et d’une influence toujours accrues, sans que nul contre-pouvoir humain ne soit en mesure d’expliciter les logiques d’une décision.[…]

[…]L’avalanche de boue sous laquelle nous ensevelit la production des IA contamine les plus précieuses ressources, démultiplie l’invérifiable, offre une surface d’attaque inédite aux théories et tentatives d’influence les plus folles.[…]

[…]Interlocuteurs inépuisables, exempts de jugement, dotés d’une apparente omniscience et d’un aplomb absolu, les chatbots affaiblissent les relations inter-personnelles, compliquent la coopération, se substituent aux dynamiques collectives.[…]*

[…]Dans le champ de l’art ou du design, on veut « explorer les possibles de l’IA », considérant que la charge critique des productions sera suffisante pour équilibrer le discours. LOL. On se rue sur les mots-clés du moment en espérant recueillir quelques financements (les écoles d’art, on vous voit). On critique vertement, vertueusement, en même temps qu’on produit des discours fatalistes, on se désole, on râle un peu et on se résigne doucement. Le refus pur et simple est réputé impossible, inadéquat, inutile, naïf.[…]

* extraits du blog de Julien Bidoret, https://accentgrave.net/log/2025-05-29--arguments/